Objectifs et méthodologie d’enquête
L’objectif était de mesurer à la fois la perception des stéréotypes et les comportements et attitudes des élèves du lycée les Bourdonnières. L’enquête a été menée par la classe de seconde G dans le cadre de leur cours de Sciences Économiques et Sociales (SES). Au-delà de les initier à la démarche des sociologues, ce travail devait alimenter la réflexion en marge des actions menées en mars autour du projet « Genre, ça m’est égal ! ».
L’enquête a été réalisée en ligne sous la forme d’un questionnaire elyco accessible à l’ensemble des élèves du lycée, scolarisés de la seconde à la terminale. Le questionnaire, ouvert du 5 mars au 15 mai 2020, a été complété par 509 élèves. Les pourcentages ont été recalculés en retenant uniquement les répondant-es aux questions.
Principaux résultats :
- SPORT (questions 2,3 et 16)
Si le caractère « mixte » du football semble accepté, l’image féminine de la gymnastique demeure, tandis que la musculation n’est pas connotée comme un sport « masculin ».
Plus de 85% des garçons et filles pensent que le football est un sport qui convient aussi bien aux hommes qu’aux femmes. Une majorité pense que c’est le cas de la gymnastique mais 24,6% des garçons affirment que cela convient mieux aux femmes contre seulement 8,9% des filles.
Du côté de la pratique sportive, le football et le basket sont cités en premier par les garçons avec respectivement près de 18% et 15 % de pratiquants. La danse est pratiquée par moins d’un pourcent des lycéens de sexe masculin. La musculation et la danse sont les sports les plus pratiqués par les filles tandis que le football ne concerne qu’environ 3 % d’entre elles.
- METIERS (questions 4 à 8)
Globalement, les élèves ont une vision assez égalitaire sur les métiers proposés avec quelques visions stéréotypées mais largement minoritaires. Sur les questions ouvertes, en revanche, le poids de stéréotypes ressort davantage.
Filles et garçons sont plus de 90% à considérer que le métier de chirurgien-ne ou encore d’avocat-e convient aussi bien aux hommes qu’aux femmes. C’est un peu différent pour le métier de professeur-e des écoles : 11% des lycéens pensent qu’il convient mieux aux femmes contre 3% des lycéennes.
Aux questions ouvertes « Quels métiers pensez-vous inaccessibles aux hommes / femmes ? Citez-les ci-dessous et expliquez pourquoi si vous le souhaitez », la majorité des élèves a spontanément répondu « aucun ». Des lycéens ont mis en évidence le poids des stéréotypes. Les élèves mettent en avant pour les femmes le difficile accès aux fonctions élevées en politique (présidente notamment), en entreprise (chef d’entreprise) mais aussi aux métiers du bâtiment et aux métiers dits « physiques ». La même question pour les hommes met en avant les professions d’esthéticienne, de sage-femme ou encore de «nourrice» (cf. nuage de mot en annexe).
- CARACTERISTIQUES /TRAITS DE CARACTERE (question 9)
Certains stéréotypes ressortent fortement sur cette thématique : le caractère sportif pour les garçons, sensibilité et organisation chez les filles.
Les lycéennes se déclarent à 14,9% « sensibles » contre 7,6% seulement des garçons, « timides » à 6,5% (3,4% seulement pour les garçons). Les filles citent en deuxième le fait d’être « organisées », c’est trois fois plus que pour les garçons. Près d’un tiers des garçons se juge sportif contre seulement 10,4% des filles.
- RAPPORT AU CORPS (questions 10 et 11)
On retrouve une vision assez égalitaire, plutôt éloignée du stéréotype sur l’apparence vue comme une préoccupation féminine. L’épilation demeure toutefois une pratique plutôt féminine.
84,1 % des garçons pensent que prendre soin de son corps c’est aussi bien féminin que masculin : le pourcentage est 4 points plus faible que pour les filles. 15,9 des lycéens pensent que c’est « plutôt féminin » contre 12% des lycéennes.
L’épilation fréquente (de quotidienne à hebdomadaire) concerne plus de 46 % des filles. Si une majorité des garçons ne s’épile jamais, 18,7% des garçons le font néanmoins une à deux fois par mois.
- SCOLARITE ET POURSUITE D’ETUDES (questions 12 à 14)
Un stéréotype classique étudié dans les enquêtes sociologiques : l’autocensure des filles en mathématiques et un goût pour les matières scientifiques plus prononcé chez les garçons. Mais, pour les élèves du lycée interrogés, pas de différence d’ambition dans les études.
22,1 % des filles déclarent avoir été le plus à l’aise au collège en mathématiques, c’est 7 points de moins que pour les garçons .14,4% l’étaient en français contre 12,3 % des garçons. Globalement les disciplines littéraires semblent avoir posé moins de problème aux filles, c’est l’inverse concernant les garçons. A noter que le pourcentage de lycéens affirmant ne pas avoir de difficultés scolaires au collège est un peu plus élevé chez les filles que chez les garçons ;
Si les matières scientifiques sont celles qui sont le plus fréquemment citées comme « préférées » au lycée : il faut noter l’écart important selon le genre. C’est ainsi le cas de 47,9% des garçons contre 30,9% des filles.
En termes de poursuite d’études, la part des filles souhaitant faire des études longues est légèrement supérieure à celle des garçons tandis que les garçons sont plus nombreux à vouloir directement rentrer dans la vie active.
- TACHES DOMESTIQUES (question 15)
Peu d’écart significatif à relever, à part pour le bricolage, plus « masculin ». Il faut noter également que s’occuper de la vaisselle concerne davantage les garçons et faire la cuisine, les filles.
Plus d’un quart des filles participe au moins une fois par semaine au ménage, à la vaisselle ou encore à la cuisine. Ce sont aussi les tâches les plus fréquemment citées par les garçons, mais 36% des garçons disent s’occuper régulièrement de la vaisselle. Le bricolage est peu cité, il concerne 5,6% des garçons et seulement 2,5% des filles.
Conclusion :
Les stéréotypes sont globalement moins répandus au lycée que dans l’ensemble de la population (tous âges confondus). Les élèves sont conscients de certains stéréotypes, notamment concernant les métiers. Néanmoins il faut noter que :
- les garçons véhiculent davantage de stéréotypes sur le sport et sur les métiers
- les matières scolaires préférées ou celles pour lesquelles les lycéens estiment avoir des difficultés restent stéréotypées. Cela rejoint les constats sur les choix de spécialités et/ou série qui sont au lycée, et sur le plan national, relativement genrés.
Cette étude ne donne pas d’explications : c’est le travail du sociologue d’exprimer des hypothèses. Ce sont des analyses menées en cours de Sciences Économiques et Sociales (SES). On peut mettre en évidence le rôle de la socialisation parentale, de l’école (par exemple concernant la musculation comme pratique féminine) et enfin le celui des groupes de pairs (camarades de lycée, amis, membres d’un club sportif …)
Pour le détail des données, question par question, consulter l’annexe jointe. Pour des lectures complémentaires issues des cours de SES, consulter le document annexe.
Sylvie Godineau, professeure de S.E.S.